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Déclaration du 5 juin 2024 : restauration régénération des terres, lutte contre la désertification et résilience à la sécheresse
Edité par : Webmaster Dernière mise à jour :19-12-2022

Nous vivons dans un monde où la triple crise environnementale planétaire, illustrée par les effets de plus en plus préoccupants des changements climatiques, la perte de biodiversité et l’aggravation de la pollution sous toutes ses formes, notamment par le plastique, touche de plein fouet tous les pays du monde.

C’est dans ce contexte que la Tunisie, à l’instar des autres pays du monde, célèbre le 5 juin 2024 la Journée nationale et mondiale de l’environnement, placée cette année sous le thème de la restauration des terres, de la lutte contre la désertification et de la résilience à la sécheresse.

À cet égard, la Tunisie déploie des politiques publiques de lutte contre les effets des changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution dans le but de promouvoir la durabilité environnementale et la résilience aux crises et catastrophes.

Dans cette optique, le Gouvernement tunisien a notamment approuvé le 3 février 2023 en conseil ministériel la Stratégie nationale de transition écologique (SNTE) à l’horizon 2035/50, élaborée par le Ministère de l’environnement selon une approche participative, avec le soutien du Programme des Nations Unies sur le développement (PNUD), fondée sur une vision globale qui vise à assurer, à terme :

Le bien-être matériel et immatériel des générations actuelles et futures, dans le cadre d’un modèle de développement économique et social juste et inclusif, circulaire, durable, sobre en ressources naturelles et en énergie, écologiquement neutre, adapté aux changements climatiques et résilient aux crises et catastrophes.

Pour atteindre cet objectif global, la SNTE repose sur cinq axes fondamentaux déclinés en 53 mesures, outre une mesure non numérotée transversale au service de toutes les autres, à savoir la digitalisation qui doit en faciliter l’application par tous les acteurs dans tous les secteurs.

S’agissant plus particulièrement de la thématique internationale abordée en ce 5 juin 2024, à savoir la restauration et la régénération des terres et la résilience face à la sécheresse, elle s’inscrit plus particulièrement dans l’axe 3 de la SNTE, qui vise la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité et des écosystèmes et la lutte contre la désertification, incluant notamment les mesures 20 à 29.

Le troisième axe de la SNTE concerne en effet la gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes qui, dans leur diversité, constituent le capital naturel sur lequel repose le développement.

Ce domaine d’intervention concerne notamment la poursuite d’une agriculture durable et résiliente (agroécologie, agriculture biologique, agroforesterie, permaculture …) afin d’assurer à la fois la sécurité alimentaire, l’inclusion sociale et la pérennité des éléments du capital naturel : sols, eaux, forêts et écosystèmes. D’ailleurs, cette année (13 mai 2024), la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance lors de la journée de l’agriculture a été placée sous le slogan : « une agriculture durable et résiliente » et s’est accompagnée de la présentation de produits biologique et de terroir par une multitude de jeunes agriculteurs/agricultrices de tout le pays, qui ont mis à l’honneur des savoirs traditionnels fondés sur la nature, et des expériences réussies en matière d’agro-écologie, d’agriculture biologique ou de permaculture.

L’axe 3 de la SNTE insiste également sur la protection, la restauration et la régénération des écosystèmes (continentaux et marins) et la biodiversité contre toutes les formes de nuisances et de menaces, y compris les changements climatiques qui entraînent des effets parfois inattendus, comme l’invasion d’espèces exogènes, à l’image du crabe bleu à Sfax et Kerkennah, qui était une menace avant de devenir une source de revenus.

Le 3e axe de la SNTE inclut aussi la valorisation des ressources hydrauliques non conventionnelles, car dans le contexte actuel marqué par le stress hydrique, la valorisation des eaux usées traitées et leur réutilisation à d’autres fins (agriculture, industrie, recharge des nappes, …) font partie des priorités nationales. Ainsi, les stations d’épuration de Bent Saïdane (gouvernorat de Zaghouan), Mahrès (gouvernorat de Sfax), Kondar (gouvernorat de Sousse) et Medjez El Bab (gouvernorat de Béjà) ont été inaugurées en 2023/24 et les travaux d’autres stations comme Khelidia et Takelsa sont à un stade avancé, toutes étant équipées d’un système de traitement tertiaire avancé permettant leur réutilisation dans la production de fourrages et les cultures arboricoles. Une convention a ainsi été en 2022 entre l’Office des terres domaniales et l’Office national de l’assainissement concernant la valorisation des eaux usées traitées de la station d’épuration de Takelsa pour la production de fourrage, outre la signature d’un accord de prêt le 31 janvier 2024 avec la Banque africaine de développement (BAD), d’un montant de 81,9 millions d’euros, soit environ 276 millions de dinars, pour l’équipement de 19 stations d’épuration en technologiques de traitement tertiaire, réparties sur 11 gouvernorats du pays (Zaghouan, Nabeul, Beja, Jendouba, Sfax, Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, Kébili, Tozeur et Médenine), ce qui a vocation à contribuer à l’amélioration du bilan hydrique, au renforcement de la résilience aux changements climatiques et à l’amélioration des conditions de vie de plus de 670 000 personnes.

Sur le plan pratique, une circulaire tripartite a été émise le 10 novembre 2023 par le Ministère de l’environnement, le Ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche et le Ministère de la santé pour inciter les commissariats régionaux au développement agricole (CRDA) à autoriser les agriculteurs à utiliser les eaux usées traitées dans leurs cultures fourragères et arboricoles, sachant que sur les 130 STEP du pays, environ une trentaine sont équipées en technologies de traitement tertiaire permettant de produire une eau traitée exempte de danger et de bonne qualité pour l’agriculture. Toutes les nouvelles STEP sont en outre obligatoirement équipées de cette technologie et la réhabilitation des anciennes STEP vise à équiper toutes les stations existantes avec un tel matériel, grâce au budget de l’État et avec le soutien des partenaires techniques et financiers

Pour sa part, la mesure 27 de la SNTE consiste à mettre en œuvre un programme de réhabilitation des sols dégradés, dans le cadre du Plan d’action national de lutte contre la désertification (PAN-LCD) actualisé, sachant qu’un objectif national de restauration d’environ 2,2 millions d’hectares d’ici 2030 est ciblé. En effet, la Tunisie est engagée dans les efforts mondiaux visant à restaurer au moins 12 millions d’hectares de terres dégradées chaque année, moyennant des actions dédiées à la neutralité en matière de dégradation des terres en vue de contribuer à l’atteinte des ODD.

Plusieurs projets ont ainsi vocation à être financés dans ce cadre, notamment la restauration des pins d’Alep dans la région de Kasserine, co-financé par l’État tunisien et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), la régénération du système hydrographique de la lagune de l’Ichkeul, outre de nombreuses activités de renforcement des capacités et de suivi-évaluation en collaboration avec les partenaires techniques et financiers.

La restauration des terres peut aussi bénéficier d’autres mesures prévues par d’autres axes de la SNTE, notamment l’axe 4 consacré à la production et à la consommation durables et à la lutte contre toutes les formes de pollution, dont la mesure 31, intitulée Stratégie nationale de gestion circulaire globale et sectorielle des déchets – SNGC-GSD – 2023/35/50 comporte quatre sous-objectifs parmi lesquels un programme national de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) et la généralisation du compostage dans l’agriculture, sur la base de la norme NT 10.44 (2013) relative à l’amendement organique (dénomination, spécification et marquage), avec le concours de tous les départements ministériels, mais surtout ceux de l’intérieur, de l’agriculture et du tourisme.

De même, le Ministère de l’environnement encourage les nouvelles technologies de traitement et de valorisation des déchets organiques et le Centre international des technologies de l’environnement de Tunis (CITET) a notamment inauguré dans cette optique à Mahdia, en mai 2023, un projet-pilote de lombricopostage (ou vermicompostage) qui se poursuit, tandis que divers centres municipaux de compostage ont été mis en place depuis 2013 avec le soutien de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED) dans différentes villes du pays.

Enfin, le remplacement progressif des pesticides et engrais chimiques par des produits moins agressifs et plus respectueux des sols est envisagé d’un commun accord avec le ministère de l’agriculture et les parties prenantes à long terme (mesure 23 de la SNTE) La tâche qui nous attend est donc immense et nécessite l’engagement actif de tous les acteurs dans tous les secteurs. Il est essentiel d’intensifier nos efforts pour sensibiliser et éduquer les jeunes générations à l’importance de l’environnement. C’est pourquoi nous mettons en place des sessions de formation à la durabilité environnementale dès le plus jeune âge et souhaitons inciter les enfants et les jeunes à devenir des acteurs du changement et à participer activement à la protection de notre planète.

C’est ainsi que les 8 mesures de l’axe 5 de la SNTE (mesures n° 46 à 53) sont consacrées à la science, la connaissance et la culture au service de la protection de l’environnement, du développement durable et de la transition écologique.

Dans cette optique, la célébration de la Journée mondiale et nationale de l’environnement constitue une occasion de renforcer nos activités et nos partenariats en faveur de l’éducation environnementale, qui forme d’ailleurs tout l’axe 5 de la SNTE (mesures 46 à 53) et cette journée a notamment été l’occasion de divulguer la publication du Guide d’éducation environnementale destiné à la petite enfance, élaboré en partenariat avec le Ministère de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées, qui a vocation à être diffusé auprès des 7 000 jardins d’enfants (publics et privés) du pays.

Les activités du Ministère de l’environnement en collaboration avec le Ministère de la culture ont également été mises en exergue, à travers le rôle des « maisons de la culture amies de l’environnement », ainsi que le partenariat avec le Ministère de l’éducation et le Ministère de l’enseignement supérieur à travers le projet EdenMed pour une éducation environnementale méditerranéenne, mené en collaboration avec l’Italie et visant à intégrer l’éducation environnementale dans les programmes scolaires officiels, en cours de mise en œuvre.

En vérité, le Ministère de l’environnement met l’accent sur la sensibilisation, facteur déterminant de toutes les stratégies et rappelle à tous les acteurs de tous les secteurs, à commencer par les citoyen(ne)s, la nécessité d’agir ensemble, car La protection de l’environnement est une responsabilité partagée, fondée sur le devoir de modifier nos comportements au quotidien en vue d’améliorer nos propres conditions de vie et notre bien-être, laisser à nos enfants un monde meilleur concrétiser notre droit à un environnement sain comme nous y invite notre Constitution.